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Communauté Rurale de Bokiladji

Communauté Rurale de Bokiladji
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30 décembre 2008

Présentation de la communauté rurale de Bokiladji

I.La Collectivité locale:

CR_Bok_ladjiCR_Bok_ladji

1.1- SITUATION GEOGRAPHIQUE : 

La communauté rurale de Bokiladji se situe dans la région de Matam, le département de Kanel et l’arrondissement de Orkadiéré. Cette communauté rurale est limitée au nord par la République Islamique de Mauritanie, à l’ouest la communauté rurale de Aouré, au sud par celles de Aouré et de Gabou et à l’est par la communauté rurale de Moudéry (département de Bakel, Région de Tambacounda).

En tant qu’entité territoriale issue de la réforme de l’administration territoriale et locale de 1972, la communauté rurale de Bokiladji existe depuis 1980, date à laquelle cette réforme est entrée en vigueur dans l’ancien département de Matam qui était jusque là rattaché à la région de Saint-Louis avant d’être érigé en région en 2002.

Le village de Bokiladji a été érigé en chef lieu de la communauté rurale moins pour des raisons historiques que politiques. En effet, historiquement, le village centre du territoire communautaire est celui de Dembacané (ancien chef lieu de canton).

La communauté rurale 32 villages officiels et 10 hameaux (voir tableau p 18) pour 31 745 habitants (estimation 2006) et s’étend sur une surface de 572 km².

1.2- CARACTERISTIQUES PHYSIQUES ET POTENTIALITES NATURELLES : 

1.2.1- Climat et pluviométrie :

Le climat est de type soudano-sahélien, divisé en deux saisons distinctes :

-    La saison des pluies va du mois de juin au mois d’octobre avec des températures de l’ordre de 35°.

-         La saison sèche de novembre à mai qui se divise à son tour en période fraîche avec des températures de l’ordre de 25 degrés et chaude avec des températures à 45 degrés.

L’insolation moyenne dure de 7 à 8 heures par jour.

En saison sèche, souffle l’Harmattan avec des vents chauds, chargés de sable du désert.

La région de Matam est comprise entre les isohyètes 300 et 500 mm avec des précipitations pouvant atteindre 600 mm par an.

Les pluies se concentrent sur 3 à 5 mois dans l’année. Le nombre de jour de pluie dépasse rarement 30 jours par an. On observe sur l’ensemble de ces régions une baisse tendancielle de la pluviométrie engendrant des effets importants sur le plan économique (productions agricoles fragilisées, difficultés d’abreuvement du bétail) et écologique (moins d’eaux de surface, baisse du niveau de la nappe phréatique, perte en biodiversité…).  

1.2.2- Le relief : 

La communauté rurale se caractérise par un relief quasi plat sur l’ensemble de son territoire. On note cependant quelques monticules rocheux du côté de la zone « Bondji ».

1.2.3- Les sols :

Les sols peuvent être divisés dans un premier temps en deux. D’un côté les sols de la zone alluviale qui correspondent au Walo et de l’autre, la partie sud de la communauté rurale correspondant aux 2 autres espaces (Diéry et Ferlo). Les habitants disposent d’un vocabulaire spécifique pour qualifier les sols en fonction du type de culture qu’ils peuvent y pratiquer.

Ainsi, dans la partie du Dandé Mayo, zone alluvionnaire, on distingue en soninké :

-     les sols « Fondé » correspondent aux terres rarement inondées avec une texture finement sableuse comportant moins de 40 % d’argile. Ces terres sont peu propices aux cultures.

-     Les sols « Kolanga » correspondent à des terres argileuses inondables mais cultivables où se créent souvent des mares semi permanentes situées aux abords du fleuve (alluvions). Ces sols sont essentiellement utilisés pour la culture du mil.

-     Les sols « Falo » correspondent aux berges du fleuve avec une texture sableuse. Ces terres sont toujours inondées. On y retrouve des cultures de niébé, de maïs traditionnel, de patate douce ou encore des cultures maraîchères.

-    Les sols « Waléré » sont des sols inondés et cultivés pour le maïs et la pomme de terre.

-   Les sols « Carwal » sont fréquents dans l’ensemble de cette zone. Ce sont des sols rocailleux, impropres aux cultures.

-    Les sols « Niarwal » sont quant à eux intéressants pour les cultures, notamment celles de mil, malgré la présence de nombreux cailloux. Ces sols font de la rétention d’eau pendant une bonne période rendant possible les cultures à cycle plus long.

-   Les sols « Céno » sont également présents dans ces zones. Ces terres sont sablonneuses et donc intéressantes pour les cultures d’arachide notamment.

-    Quelques sols « Faro » sont observés le long des cours d’eau. Leur texture argileuse fait de ces zones de très bonnes zones de culture.

Les sols de la communauté rurale de Bokiladji sont majoritairement de type sablo-argileux et peu fertiles pour l’agriculture sauf dans les zones alluvionnaires et les berges de marigots.

En outre, ils subissent une dégradation constante sous le triple effet de l’action anthropique, de l’érosion hydrique et de l’érosion éolienne.

 

1.2.4- La Faune :

Les espèces animales sauvages sont peu nombreuses dans la communauté rurale de Bokiladji. On y trouve cependant des singes, des chacals et des hyènes. Quelques phacochères sont aussi présents. D’après les témoignages des personnes âgées de la communauté rurale il y a une trentaine d’années on rencontrait des lions en nombre important, d’autres espèces telles que les petits ruminants sauvages voire même des éléphants. Les sécheresses répétées et la destruction du couvert végétal ont soit décimé la faune soit contraint certaines espèces à se replier sur d’autres parties du pays. La chasse est ainsi devenue marginale.

1.2.5- Le Couvert végétal :

Il ressort du diagnostic que la zone du Dandé Mayo souffre d’une déforestation importante, mais qu’il reste quelques zones boisées dans la partie Diery de la communauté rurale.

La diversité est réelle mais menacée de plus en plus par les ennemis de la forêt dont les plus dangereux sont les défrichements et la coupe abusive pour le fourrage des animaux et le bois.

1.2.6- Les Ressources en eau :

Les ressources en eau de la communauté rurale sont essentiellement constituées des eaux continentales et des eaux souterraines.

-  Les eaux continentales

Le réseau hydrographique appartient au bassin du fleuve Sénégal qui se trouve au nord de la communauté rurale.

En dehors du fleuve Sénégal, il n’existe aucun autre cours d’eau permanent sur le territoire. Deux « Thiangol » principaux (cours d’eau temporaires) parcourent la communauté rurale. L’un traverse la zone « Appé » et l’autre traverse celle de « Bondji ». Ces cours d’eau s’avèrent cruciaux pour les populations car c’est dans leurs lits que se concentrent beaucoup d’activités agricoles et que sont également creusés les puisards pour l’alimentation en eau dans certains villages et l’abreuvement des animaux.

La zone du Dandé Mayo est largement mieux pourvue, avec non seulement la présence du fleuve, mais également la présence de nombreuses mares dont : Moussa kaaré ; Kédadio ; Thiagnaf khoré ; Boffel ; Thiagniaf Tougoumé ; Toulel debbé ; Toulel guilé ; Maniangori ; Ammassilta ;Guégnariane ; Yakharou kaaré ; Mbiri Khooré ;Mbiri Dénowel ;Mbiri Gagnadou ; Mbiri Foundou ; Thiammaley ; Nionguéri ; Thioffi mangou ; Thioffi Thiaki ; Pabbi ngoya ; Bélel fowrou ; Sagadou Mamoudou ; Weendou diaba ; Bell badi ; Weendu guinée ; Bélel ngadada .

Durant l’année, la perte d’eau par évapotranspiration est très élevée : elle est estimée à 250 mm par mois pour les cinq premiers mois de l’année (janvier à mai), c’est-à-dire environ 8 litres par m² et par jour. Cette évapotranspiration constitue l’une des causes de l’épuisement très rapide des petites mares existantes.

La_carte_du_réseau_hydrographique de la communauté rurale de Bokiladji avec les courbes de niveaux a été établie à partir de données anciennes, elle ne prétend donc pas à retranscrire l’exacte réalité du réseau, mais seulement à donner une idée générale de ce dernier.

-     Les eaux souterraines

La profondeur de la nappe phréatique dépend de la zone dans laquelle on se situe.

En effet, dans le Dandé Mayo les puits ne dépassent pas 20 m de profondeur. Dans la zone du goudron, la profondeur des puits va jusqu’à 40 m. Les deux autres zones connaissent des profondeurs de puits allant jusqu’à 55 m, mais il existe tout de même quelques endroits dans lesquels il est possible de trouver l’eau vers 25 m (la qualité de l’eau de ces points d’eau est souvent décriée).

Au niveau des nappes phréatiques profondes, il semble qu’elles se situent entre 80 et 120 m de profondeur. A ce niveau, il y a peu de problème de débit (tarissement) et de qualité de l’eau.

1.3- MILIEU HUMAIN :

1.3.1- Démographie : 

En 2002, le recensement indique une population de 26 342 habitants et l’estimation de 2006 qui sa base sur un coefficient de multiplication officiel donne une population de 31 745 habitants soit une densité de 55 habitants/km² (proche de la densité moyenne du Sénégal qui tourne autour de 50 hab. / km²). Cette population se répartit sur 42 villages (32 villages officiels et 10 hameaux dont plusieurs ont fait une demande de reconnaissance officielle).

A partir des données officielles de 1988 et de 2002, la population a augmenté de 40 % ce qui représente un accroissement démographique de 2,8 % (2,5 % pour le Sénégal au niveau national). La population est composée pour moitié de jeunes de moins de 15 ans.

La structure par groupe d’age fait apparaître que la population est extrêmement jeune. Les moins de 20 ans représentent 56 à 60 % de la population entre 1976 – 2002 et la tranche d’âge en pleine activité 20- 59 ans représente plus de 33% de la population sur la même période alors que les personnes âgées de plus de 60 ans ne représentent que 7% (données régionales).

La pratique de la polygamie, le taux de fécondité important et la vie en famille élargie expliquent la présence en moyenne de 14 personnes par ménage.

En effet, chez les Haalpular, la famille présente plusieurs niveaux de référence avec une structure verticale d’organisation et de détention du pouvoir. Le foyer se définit par rapport au grenier ou au mari, comme une unité de production et de consommation regroupant des individus ou ménages consommant en commun une production collective.

Chez les Soninkés, les unités familiales résultant du franchissement de leur lignage se retrouve au sein d’une unité de résidence appelé le KA. Cette unité comprend une pluralité de ménages placés sous l’autorité d’un seul chef de ménage. Ce dernier est l’unité de résidence, mais également de production avec le champ familial et de consommation sous l’autorité du chef, le Kagoumé.

La répartition spatiale de la population au niveau de la communauté rurale révèle des déséquilibres importants. En effet, les 2/3 de la population se concentrent dans les zones proches du fleuve (Dandé Mayo et Goudron) alors que les espaces du Diery semblent largement sous-peuplés.

Cette répartition s’explique par deux facteurs majeurs qui s’entremêlent :

1-    L’histoire du peuplement et ses caractéristiques ethniques qui confrontent le type de village propre aux Soninkés (gros villages proches du fleuve, habitat dense : 4 villages avec plus de 1500 habitants dont un à 4000 habitants) avec celui des Peuls (petits villages disséminés dans le Diéry). (se référer à la partie sur le peuplement de la CR)

2-    La vocation majeure des terres qui, à proximité du fleuve, sont prioritairement attribuées à l’agriculture (disponibilité, terres fertiles, cuvettes de décrue…) alors que le Diery et plus loin le Ferlo ont une vocation d’abord pastorale. 

La population est majoritairement composée d’Haalpular avec une présence importante de Soninkés.

Les Haalpulars sont majoritaires dans la communauté rurale avec près de 63 % de la population. Pour autant, ils ne sont pas dans tous les villages.

Les Soninkés se concentrent dans 6 villages de la communauté rurale et ils sont les chefs de 5 d’entre eux (Fadiara, Bokiladji, Verma, Dembacané et Adoubéré). Ces 5 villages représentent 35 % de la population totale et sont les centres économiques de la communauté rurale.

On estime à quelques 2 % la présence d’autres ethnies dans la communauté rurale : il s’agit de wolof (commerçants), de bambaras (commerçants et travailleurs saisonniers) et de maures (commerçants).

1.3.2- Peuplement et historique :

En observant la carte de la CR ci-après, qui présente les origines des pères fondateurs des villages de la CR, il s’avère que deux systèmes de peuplement indépendants l’un de l’autre expliquent le peuplement actuel :

-   Sur toute la partie Sud de la CR, les villages sont essentiellement haalpulars et les habitants proviennent avant tout des zones du Ferlo et du Fouta Toro. Ce peuplement s’explique en partie par la tradition nomade des peuls et par le pastoralisme. Ces personnes quittent leur région d’origine à la recherche de pâturage et d’eau pour le bétail et la boisson. Le peuplement suit ainsi deux vecteurs : sud - nord et ouest - nord est. Certains villages ont été des lieux de transition pour des familles qui en sont finalement parties pour créer leur propre village ; c’est le cas de Ganguel Mamadou Demba, de Koyninguel, de Bondji Waly, de Kawal ou encore de Alana. Ce peuplement ethniquement et culturellement marqué explique beaucoup de réalités de ces zones. En effet, l’habitat est essentiellement dispersé pour offrir le moins de pression sur les pâturages et la vocation de ces zones est essentiellement pastorale.

-   Sur toute la partie Nord, à savoir plus précisément le Dandé Mayo, on retrouve ici majoritairement des villages soninkés originaires du Mali. Le peuplement ici se restreint à la vallée du fleuve Sénégal, riche pour l’agriculture. Ainsi, cette zone a essentiellement une vocation agricole (exemple des Haalpulars de Hadoubéré qui ont créé Arafat pour disposer de plus de terres pour leur bétail). Les villages historiques de cette zone sont Lobaly, Fadiara, Verma et Dembacané. Même si la frontière et les événements de 1989 séparent les populations des deux rives, l’analyse historique rappelle qu’il s’agit des mêmes populations et que des liens sociaux, familiaux et culturels très forts unissent les villages de cette rive avec les villages mauritaniens de Sagné, Coumbou, Wompou et Néma.

-   La zone intermédiaire est celle appelée « Goudron ». C’est l’axe de communication entre les deux zones car s’y trouvent les éléments nécessaires à chacune des deux zones historiques, à savoir la route nationale qui permet la connexion avec toutes les autres parties du Sénégal. On retrouve des éléments caractéristiques des deux zones historiques à savoir des grands villages soninkés et un ensemble de villages peulhs plus ou moins grands. Cette zone offre également la connexion entre les deux zones et à travers le grand marché de Bondji, les productions des deux zones peuvent ainsi être échangées. C’est une zone tampon gardienne de la cohésion de la CR.

Le profil historique des villages permet de faire un synopsis de l’histoire du peuplement de la communauté rurale. (Se référer aux tableaux ci-après pour l’histoire des villages de la CR).

1.3.3- Migrations : 

La communauté rurale de Bokiladji, à l’image de l’ensemble de cette région du Sénégal se caractérise par un très fort taux d’émigration vers les pays occidentaux d’une part, mais également vers d’autres pays d’Afrique.

Migration internationale : A partir des données recensées (25 villages sur les 42 ont chiffré le nombre de migrants en donnant également leur destination), il apparaît que plus de 8,5 % de la population est actuellement en migration internationale. Pour avoir une idée plus précise de l’ampleur du phénomène migratoire, il convient dans un premier temps de considérer que les jeunes de moins de 15 ans (50 % de la population) ne sont pas concernés. A partir de là, on observe que 17 % des adultes ne vivent pas au village. Toujours pour affiner l’analyse, considérons dans un second temps que les femmes restent marginales dans ce phénomène (seuls les hommes émigrent) : il apparaît alors que plus d’un homme de plus de 15 ans sur 3 est en migration (35 %). De plus, ce chiffre n’est qu’une moyenne et ne tient compte que des migrations internationales oubliant les migrations intérieures.

Ces migrants sont à plus de 85 % en France et à 15 % dans d’autres pays africains comme la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Gabon, le Congo, le Bénin ou le Mali. Les autres destinations américaines et européennes comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne  restent marginales.

Ce phénomène, du reste très ancien, a pris de l’ampleur depuis les années des grandes sécheresses en 1973 et en 1983.

La migration nationale se fait vers les grandes villes, notamment Dakar. Cette émigration est également très importante puisqu’un village comme Adoubéré indique qu’à côté des 248 émigrés en France, 686 se trouveraient actuellement à Dakar. A côté des travailleurs permanents à Dakar, beaucoup de jeunes sont attirés à Dakar pour tenter leur chance ou poursuivre leurs études, voire pour rechercher les voies à suivre pour rejoindre une destination occidentale.

L’immigration, quant à elle, reste limitée aux travailleurs saisonniers venant du Mali. Ils proposent leur main d’œuvre pour l’agriculture essentiellement. Ainsi, ils contribuent de façon indirecte à amoindrir le vide laissé par les émigrés.

La communauté rurale de Bokiladji compte également un présence importante de « refoulés » de Mauritanie suite aux événements de 1989 (Dareslam, Lewel Baly et Mayel Kadié). Ce sont des Sénégalais qui vivaient en Mauritanie obligés de rejoindre le Sénégal.

1.3.4- Religion :

La communauté rurale est composée à 99 % de musulmans. L’Islam pratiqué relève majoritairement de la confrérie Tidjania. La confrérie Mouride a également des représentants, notamment dans la communauté wolof. Les autres personnes se « classent » sous le vocable de Ibadou ou de wahabia (Islam sunnite relatif au Wahhabites d’Arabie Saoudite).

Seules certaines familles ont la possibilité de former un imam au village. Ce dernier sera alors choisi en fonction de son érudition. Il existe une grande école en formation théologique à Dembacané tenue par la famille Maréga.

Les infrastructures religieuses sont présentes dans la quasi totalité des villages. Elles ont été majoritairement construites par les migrants à travers leurs associations. La plupart du temps ce sont les premières réalisations que les migrants ont financé dans le village.

La forme d’organisation religieuse est la mise en place des dahiras qui sont des groupes qui réunissent différentes personnes .Généralement ils organisent et mettent en place un système de solidarité pour préparer certaines activités importantes .On distingue généralement des dahiras pour hommes, les femmes, les jeunes et des dahiras mixte .Leurs activités de prédilection est l’organisation des veillées de prières généralement tous les jeudi soir.

Malgré cette implantation très forte de l’Islam, des pratiques héritées des religions traditionnelles sont encore courantes. Ainsi, l’Islam définit nettement une part d’identité, mais pas toute l’identité.

1.3.5- Structuration sociale :

La structuration sociale est opérée à partir de groupes socio statutaires qui sont des entités homogènes au sein desquelles le statut de la personne est lié non pas à son mérite individuel mais à sa naissance. L’individu est mis, dès la naissance, dans un faisceau de relations codées depuis des siècles où sa place est déterminée d’avance.

Les groupes statutaires qui existent chez les Halpulaar de la CR sont :

La société haalpular traditionnelle reconnaît 3 castes principales :

-   Les nobles qui se divisent en 4 groupes :

o Les Fulbe sont des éleveurs semi-sédentaires ou transhumants.

o Les Toorobbe sont des agriculteurs musulmans qui détiennent les fonctions religieuses.

o Les Sebbe sont des agriculteurs qui se chargent de la fonction guerrière.

o Les Subalbe sont des pêcheurs.

Les artisans, griots et laudateurs qui sont libres mais restent dépendants politiquement et économiquement des nobles ;

-   Les affranchis : 

Les groupes socio statutaires reconnaissent par ailleurs les mathioubé (pluriel de mathioudo) descendants d’anciens captifs, les sakeebé (pluriel de saké), artisans des cuirs et peaux, les waïloubé, (pl.de baïlo) forgerons et orfèvres, les maboubé, (pl de mabo) dont les hommes sont des tisserands et les femmes des potières, les awlubé (pl. de gawlo) griots spécialisés dans la généalogie et les hauts faits des autres, les wambabé (pl de bambado) griots et généalogistes attitrés des noblesses peules, les laobé (pl de labo) artisans spécialisés dans la confection d’objets usuels en bois, les rimbé (pluriel de dimo) (hommes francs), libres et nobles.

La même configuration complexe existe chez les Soninkés.

En effet, on trouve une très grande variété de groupes socio statutaires chez les Soninké.

On trouve les komo (pl. de komé) descendants de captifs, les tago (pl de tage) forgerons et orfèvres, les garanko (pl de garanké) artisans des cuirs et peaux, les diaro (pl. de diaré) griots, les guesséro (pl de guesséré) griots et généalogistes spécialisés dans le gambaré instrument polycorde, les sakko (pl de sakké) artisans du bois et généralement poètes instruits en arabe qui chantent les louanges du prophète Mohamed et celles des saints de l’Islam lors des fêtes et des cérémonies familiales, les hooro (pl de hooré) nobles, hommes francs, libres de toute sujétion.

Dans un cadre aussi figé de rapports sociaux, la mobilité sociologique est délicate et difficile. Ces dernières années ont pourtant des évolutions, notamment liées aux changements liés à la migration.

Au niveau des chefferies, le pouvoir est détenu par un membre de la famille du fondateur du village, généralement le plus âgé. C’est le chef du village qui veille à la cohésion de la population. Lors de nouvelles arrivées, c’est le chef du village qui leur attribue des terres après quelques années de location.

1.3.6- Cohésion territoriale 

L’étude des mouvements de population à l’intérieur de la communauté rurale laisse apparaître quelques caractéristiques majeures de la dynamique territoriale : (se référer à la carte ci-après)

-          Deux centres primaires se détachent, à savoir Bokiladji et Dembacané. Ces villages attirent en effet fortement les populations des autres villages. La position centrale, plus facile d’accès pour Bokiladji explique son statut de véritable centre de la communauté rurale. Ces villages ont des avantages comparatifs indéniables : dynamisme économique avec une population suffisamment importante pour rendre les marchés attractifs, taux d’équipements en infrastructures sociales de base très important. En effet, les populations voisines se rendent essentiellement dans ces villages pour des affaires administratives (présence du Conseil Rural à Bokiladji), pour les infrastructures de communication (route nationale, téléphone, poste, véhicules…), pour le collège (Dembacané), pour des soins (postes de santé avec maternités), etc.

-   Une douzaine de centres secondaires répartis sur l’ensemble du territoire. Ces centres secondaires sont soit des villages suffisamment équipés pour limiter les déplacements sur Bokiladji ou Dembacané (cas des gros villages des zones du Dandé Mayo et du Goudron) ce qui leur apporte un certain degré d’indépendance, soit des villages qui disposent d’avantages comparatifs relatifs qui ne limitent pas les déplacements dans les centres primaires mais qui intéressent les villages voisins plus petits. Ces avantages relatifs peuvent être des boutiques bien achalandées (Kawal, Ganguel Maka), un poste de santé (Gaoudé Boffé, Fadiara), un parc de vaccination (Gaoudé Boffé), une grande mosquée (Bondji Waly, Alana), une station d’essence (Thianiaff), ou encore un accès à la route (Ouro Mboulel)…

-     Plusieurs zones de cohérence (homogène) se détachent également de l’analyse. Ces zones rassemblent des villages qui ont des liens sociaux et familiaux très forts qui expliquent des déplacements fréquents entre les villages concernés. Il peut également s’agir de villages qui partagent sans problème majeur une mosquée ou un cimetière (sous zone de Bondji) ou encore d’un point d’eau (sous zone Fadiara), signes d’une forte cohésion.

Une seule de ces zones, celles de Alana, semble se détacher de la polarisation du village de Bokiladji. En effet, les habitants de ces villages s’orientent plus facilement vers les villages plus proches de la CR de Moudéry pour accéder aux infrastructures qui leur font défaut. De plus, les liens sociaux et familiaux de ces villages semblent plus forts avec les villages de Moudéry. D’après le PLD de la CR de Moudéry, le village de Mboméyabé est même considéré comme faisant partie de la CR de Moudéry.

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30 décembre 2008

Les Institutions

II. Les Intitutions locales et leurs Instruments de Bonne gouvernance:

2.1.        Le CONSEIL RURAL de BOKILADJI :

Après un bref rappel de l’histoire du Conseil Rural, l’analyse de cet acteur central détermine les forces et les contraintes sur lesquelles il devra travailler pour remplir le plus efficacement possible la mission qui est la sienne.

Cette analyse a été effectuée à partir d’interviews semi structurés dispensés auprès des conseillers ruraux et de différentes personnes ressources du territoire communautaire : 15 personnes interrogées à partir d’un guide d’entretien.

2.1.1.  Histoire du Conseil Rural

La Communauté rurale en tant que collectivité locale est instituée avec la loi du 25 avril 1972. Plus précisément, la communauté rurale de Bokiladji a été créée en 1980 suite au décret d’application de la loi de 1972.

Le Conseil Rural actuel est en place depuis 2002. Il est le 6ème Conseil Rural élu sur cette communauté rurale.

Depuis sa création, le Conseil Rural de Bokiladji a toujours été dirigé par les socialistes. C’est aux élections de 2002 que le Conseil Rural de Bokiladji se rallie à l’alternance politique avec une coalition du PDS (Parti Démocratique Sénégalais) et de la LD-MPT (Ligue Démocratique –Mouvement Pour le Travail).

Le village de Bokiladji est le chef lieu de la communauté rurale, la maison communautaire s’y trouve.

Historiquement, c’est le village de Dembacané, d’ailleurs, le plus peuplé de la CR, qui assurait les fonctions administratives. Dembacané était auparavant chef lieu de canton.

Les 9 compétences du Conseil Rural sont : (i) Domaines, (ii) Environnement et gestion des ressources naturelles, (iii) Santé, population et action sociale, (iv)  Jeunesse, sport et loisir, (v) Culture, (vi) Education, (vii) Planification, (viii) Aménagement du territoire, (ix) Urbanisme et habitat. Pour les communautés rurales, ces compétences s’ajoutent aux compétences générales dont elles disposent depuis leur création comme l’état civil.

2.1.2.  Forces et faiblesses de la composition du Conseil Rural :

F  Une majorité politique stable…

Le Conseil Rural de Bokiladji bénéficie d’une majorité politique stable et importante avec 18 PDS et 7 LD-MPT « contre » 6 AFP (Alliance des Forces du Progrès) et 1 RP (Rassemblement Patriotique).

L’opposition est donc présente au sein du Conseil Rural et dans la pratique, elle participe activement aux décisions pour aboutir le plus souvent à des décisions à l’unanimité.

F  De nombreux anciens migrants…

Dans un premier temps, il est constaté que les membres du Conseil Rural sont pour un tiers d’entre eux d’anciens migrants ce qui peut dénoter d’une histoire associative et d’une capacité à gérer des affaires collectives.

F  Une majorité de notables…

Par ailleurs, un tiers de ces conseillers sont issus des familles qui détiennent la chefferie dans leurs villages respectifs. Ce sont donc des notables. 3 d’entre eux sont également d’anciens fonctionnaires. La présence de notables s’explique non seulement par un certain conservatisme social qui veut que tous les postes de pouvoir ou honorifique soient d’abord proposés à certaines familles, mais également par le fait que « ces familles bénéficient de ressources relativement plus importantes que la majorité des habitants ». Ainsi ces conseillers ont la possibilité de se rendre disponible plus facilement car ils sont détachés de la pression liée à la dépense journalière familiale.

Hormis deux conseillers, tous les autres sont des fils du terroir.

F  Niveau scolaire…

Seuls 4 sur les 32 conseillers ont le niveau du bac et 9 ont suivi des cours d’alphabétisation. Le Conseil Rural est donc majoritairement analphabète. Ce faible niveau scolaire des conseillers pose différents problèmes car cela réduit considérablement la possibilité de mutualiser la charge de travail entre les conseillers, notamment tous les documents qui passent par l’écrit.

F  Ancienneté dans la fonction…

Seuls 5 conseillers ont effectué plus d’un mandat. Pour les 27 autres, il s’agit de leur premier mandat. Ce renouvellement, même s’il est positif d’un point de vue démocratique, représente une réelle perte en termes de fonctionnalité de l’institution. En effet, le temps d’un mandat, les conseillers ont suivi différentes formations et se sont initiés aux modalités de gestion d’une collectivité. Aussi, d’un mandat à l’autre, cela représente une perte en terme de durabilité.

F  La représentation des femmes ….

Le Conseil Rural compte 2 femmes sur 32 sièges, soit une quasi absence des femmes. Cette représentation est à l’image du statut social de la femme dans les sociétés haalpular et soninké.

F  La représentation des jeunes…

Le Conseil Rural ne compte pas de jeune en son sein alors que la jeunesse représente la grande majorité de la population. En effet, aucune conseiller n’a moins de 40 ans, les 2/3 des conseillers ont plus de 50 ans et la moitié d’entre eux ont plus de 60 ans. Fait notable, un conseiller avait moins de 30 ans, mais il a émigré.

F  Représentation territoriale…

Au niveau de l’origine des membres du Conseil Rural, il apparaît un très net déséquilibre territorial au bénéfice du village de Dembacané.

Ainsi sur 32 conseillers, 11 viennent de Dembacané soit 34% des sièges pour 15%de la population.

Dembacané et Yacine Laké ne représentent que 23 % de la population et détiennent la moitié des sièges du Conseil Rural. Ainsi 2 villages sur 42 représentent la majorité du Conseil Rural.

6 villages sont « bien » représentés et enlèvent 78% des sièges alors qu’ils ne représentent que 44% de la population totale de la communauté rurale.

Au total, seuls 13 villages sur les 42 de la communauté rurale ont un conseiller. Les villages du Diéry sont quasiment absents du Conseil Rural et certains gros villages comme Adoubéré, Lobaly ou Ganguel Maka sont sous-représentés.

Ces déséquilibres dans la représentativité du Conseil Rural peuvent avoir des impacts importants en termes d’identification de l’ensemble de la population dans son Conseil Rural.

2.1.3.  Fonctionnalité du Conseil Rural :

Au-delà des conseillers qui composent le Conseil Rural, l’analyse s’est portée sur le fonctionnement du Conseil Rural. Là encore, des points forts et des lacunes ont été relevés.

F  Un Président compétent et mobilisé mais seul face aux responsabilités du Conseil Rural…

La force première de ce Conseil Rural réside dans la personne de son Président. Sa disponibilité et sa motivation sont avérées ainsi que ses compétences (ancien fonctionnaire et ancien migrant). Il joue la carte du débat public en ouvrant ses propositions aux débats lors des réunions du Conseil Rural. Il essaie de convaincre l’essentiel des conseillers pour voter des résolutions à l’unanimité la plupart du temps.

Depuis son mandat, le Conseil Rural ouvre ces portes tous les jours de la semaine et le PCR tient une permanence tous les matins pour les différentes demandes de ses administrés.

D’un autre côté, le PCR se retrouve souvent seul devant les responsabilités. La majorité des conseillers se repose sur le PCR et ne s’implique pas plus dans la gestion de la collectivité locale au quotidien. En ce sens, ils oublient que le PCR reste un conseiller rural au même titre que les 31 autres conseillers. Aussi, la responsabilité de la décision sur la gestion de la communauté rurale incombe à tous les conseillers à part égale. En conséquence, le PCR gère de nombreux menus détails occasionnant une perte de temps et d’énergie importante.

Une solution pourrait être dans l’augmentation de la capacité financière du Conseil Rural qui permettrait de responsabiliser les conseillers.

F  Des procédures respectées…

Chaque réunion du Conseil Rural est correctement organisée avec l’envoi de l’ordre du jour et de la convocation à chaque conseiller dans les délais légaux. La préparation des réunions s’effectue avec l’ensemble du bureau du Conseil Rural. Chaque réunion du Conseil Rural fait l’objet d’un procès verbal rédigé en bonne et due forme.

En cas d’absence prolongée du PCR, le 2ème Vice Président bénéficie d’une délégation de signature comme la loi le prévoit.

F  Une vision à long terme embryonnaire…

Par le manque de document cadre et par l’absence de programme d’activité, le travail du Conseil Rural se borne à la gestion des affaires courantes. Les réunions sont convoquées selon les impératifs du moment. De même, les débats entourant la session d’orientation budgétaire ne présentent pas de vision stratégique du développement et se restreignent aux urgences du moment.

En parallèle, le Conseil Rural ne dispose pas d’un dispositif de planification et de suivi évaluation de ses activités.

Le mode d’identification des actions à conduire pose également question car il ne s’inscrit pas dans une vision structurée du développement. En conséquence, les priorités sont établies en fonction de l’urgence.

F  Etat civil…

Le travail d’état civil s’effectue correctement à la satisfaction des habitants. Pour autant, ce travail mobilise énormément de temps pour l’assistant communautaire et le PCR au détriment des autres tâches que requiert la gestion de la collectivité locale.

Un problème se pose au niveau de l’état civil car, conformément à la Loi, les registres ne sont pas archivés localement ce qui handicape le bon fonctionnement du service et oblige la population à faire des frais supplémentaires pour se rendre à la Sous-préfecture de Semmé.

F  Mobilisation des conseillers…

En terme de mobilisation, il semble qu’1/4 des conseillers est régulièrement absent aux réunions, mais cette absence n’empêche pas le quorum d’être atteint : une seule réunion n’a pas pu se tenir pour cette raison.

F  Fonctionnement des commissions techniques…

Seules 2 commissions fonctionnent correctement sur les 9 prévues initialement. Il s’agit de la commission domaniale et de celle sur la santé. La commission domaniale fonctionne car elle doit répondre aux demandes de la population concernant l’attribution de parcelles. Cette charge est importante et nécessite une étude préalable avant la décision du Conseil Rural.

Les autres commissions (Gestion des Ressources Naturelles, Education, Finances, Planification, Coopération décentralisée, Jeunesse et Sport, Culture) ne se réunissent quasiment jamais. Les Présidents de ces commissions méconnaissent leurs rôles et responsabilités. Pour ces commissions, se pose le problème de la définition de la mission de la commission et des compétences des conseillers pour la remplir correctement. En effet, les autres commissions doivent effectuer un travail d’une autre nature en réfléchissant globalement à la stratégie de développement d’un secteur considéré. La marche à suivre pour faire un tel travail n’est pas évidente et en l’état, personne ne l’anime.

Au final, les commissions ne se sont pas dotées de programme d’activité. Le Conseil Rural n’a pas de politiques sectorielles de définies.

Le PCR de Bokiladji:

L'actuel PCR se nomme Simond DIOUF. Il a été élu en 2007 suite au décès de l'ex PCR pour terminer son mandant de cinq ans. Habitant de Dembancané où il est infirmier depuis 1986.

Voici la liste des autres conseillers ruraux:

Prénoms et Nom

Village

Statut

Obédience politique

1.   

2.   

3.   

4.   

5.   

6.   

7.   

8.   

9.   

10. 

11.

12.

13.

14.

15.

16.

17.

18.

19.

20.

21.

22.

23.

24.

25.

26.

27.

28.

29.

30.

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Communauté Rurale de Bokiladji
  • Bokiladji est une localité du Sénégal situé à environ 850 km de Dakar la capitale du pays. C’est une communauté rurale composé de 33 villages qui se trouve dans la région de Matam au Nord-est du pays.
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